3 dessins
technique mixte,
format standard photographique 40 x 60 cm
2021
Le dessin Thylacine est un travail autour de la cryptozoologie : « science qui tente d’étudier objectivement le cas des animaux seulement connus par des témoignages, des pièces anatomiques ou des photographies de valeur contestable »
« DANS UN CONTEXTE OÙ SE MÊLENT
NOTRE CULPABILITÉ FACE À SA DISPARITION ET NOTRE CONNAISSANCE LACUNAIRE QUANT À SON COMPORTEMENT, LE TIGRE DE TASMANIE SEMBLE CONDAMNÉ À DEMEURER UN ÉTERNEL
SUJET DE FANTASME .» *
Le Thylacine, ou tigre de Tasmanie, est un marsupial présent sur l’île de Tasmanie et au sud-est de l’Australie depuis au moins 23 000 000 av. J. C. L’espèce est déclarée éteinte depuis 1936, Cependant, plusieurs témoignages racontent avoir vu un individu vivant (en 2005, 1997, 1995, 1982, et 1961). En 2018, un thylacine serait à nouveau apparu sur les images d’une caméra de surveillance installée par un Australien devant son garage. L’information est relayée en France par Paris Match, 20 minutes, Le Point, CNN, le Huffingtonpost, Internet s’emballe…
Malgré plusieurs entreprises de recherche infructueuses, l’imaginaire collectif persiste et croit. Le thylacine entre dans le panthéon des animaux cryptides.
Le tigre de Tasmanie peuple les cultures et l’art aborigènes depuis des millénaires. Sa disparition peut être attribuée à l’homme occidental (primes à la chasse, introduction des chiens) et donc à « notre » rapport dominant à la nature. Une opposition décisive, violente et profonde entre deux manières d’être au monde.
Il reste peu de traces du thylacine, découvert par les occidentaux en 1805, quelques fossiles, peu d’individus naturalisés avec justesse et quelques photographies et vidéos des derniers représentants de l’espèce tournant en rond dans une cage. Le thylacine a été peu étudié dans son milieu naturel et n’a pu se reproduire en captivité.
« Le thylacine n’a pas seulement la « tare » d’être un marsupial. C’est aussi un prédateur, le plus grand de l’île. Les colons ne tardent pas à le soupçonner de s’attaquer aux troupeaux. Dans ce contexte, la construction de connaissances scientifiques sur le thylacine s’accompagne d’un foisonnement de mythes dans un va-et-vient où l’autorité scientifique confirme les croyances, tandis que les mythes populaires font leur entrée dans les revues spécialisées.» *
L’invention du Thylacine,
Pauline Bertrand, revue « Billebaude » n°11,
« L’animal imaginaire », novembre 2017, p. 18 à 26
Dans le refus d’accepter sa disparition – dû à un sentiment de culpabilité autant qu’à un attrait fondamental pour le fantastique – nous pouvons déceler le pouvoir de l’imaginaire et découvrir la pseudo-science qui en découle :
la cryptozoologie.
Ce travail reprend donc plusieurs codes de représentation et références : les planches d’étude anatomique, l’art rupestre aborigène, les fossiles, les images de caméras de vidéo-surveillance et de pièges photographiques.



En savoir plus :
* L’invention du Thylacine, Pauline Bertrand, revue « Billebaude » n°11,
« L’animal imaginaire », novembre 2017, p. 18 à 26
Article de présentation par l’université de Melbourne
Reconstruction en 3D d’un Thylacine, The University of Melbourne
Vidéo d’un thylacine en captivité, YouTube
Publication sur la recherche du génome du Thylacine, en vue d’un potentiel clonage
Articles :
Le tigre de Tasmanie a-t-il vraiment disparu ?, Le Monde, publié le 28/03/2017
Un animal disparu depuis 80 ans filmé en Australie ?, Paris Match, publié le 17/06/2018
Le tigre de Tasmanie est-il de retour ? Le Point, publié le
Australie : Un tigre de Tasmanie filmé 80 ans après la disparition de cette espèce ?, 20 Minutes, p